Juriste, professeur et animateur, il défendra les couleurs d’Haïti à Eloquentia International après avoir brillamment remporté la finale locale à Delmas.
Ils étaient nombreux à braver la pluie torrentielle ce jour-là à Delmas 79 pour assister à la finale d’Eloquentia Port-au-Prince, un concours de prise de parole en public organisé dans le cadre d’un programme francophone à but non lucratif et sociétal. Devant plus de 200 personnes rassemblées au bar-restaurant Entre Nous, la magie de la parole s’est une fois de plus déployée, révélant la force d’une jeunesse assoiffée d’expression et de reconnaissance.
Pour Nerla Conserve, membre de l’équipe organisatrice, Eloquentia Port-au-Prince n’est pas qu’un concours : « C’est une série de formations gratuites sur la rhétorique classique, l’expression scénique, le partage d’émotions, etc. C’est un programme qui libère une parole authentique, sincère, respectueuse, et qui donne à une jeunesse issue de tous horizons l’accès à des scènes magnifiques. » Après une première édition à Port-au-Prince, le projet s’est également étendu à Jacmel, annonçant un avenir prometteur.
La finale a réuni huit orateurs autour de deux sujets de société : 1. « Grandir, est-ce trahir l’enfant qu’on était ? ». 2. « Peut-on s’éduquer soi-même ? »
Chaque sujet a été défendu par deux orateurs, un en faveur, l’autre contre. Parmi eux, quatre jeunes se sont distingués : Mardochena Oscar, Fatsendy Saint Pierre, Israël Souffrant, et surtout Stéphaneau Déhilaire, qui a remporté le titre de lauréat Eloquentia Port-au-Prince 2024.
Juriste de formation, professeur d’anglais, animateur de radio à Radio Timoun, membre de la JCI Haïti et de l’OCNH, Stéphaneau Déhilaire s’est imposé par sa fougue et son authenticité. « Cette victoire honore ma motivation et ma persévérance. J’aime relever les défis. J’aime pas mourir ni me perdre dans la tendance. J’aime rester consistant », a-t-il confié à Juno7. Son objectif : représenter dignement Haïti en août prochain lors du concours Eloquentia International en France. « Je veux avoir un style propre à moi. Je vais me fondre au format, mais je ne vais pas laisser le format m’avaler », affirme-t-il avec assurance.
Malgré la réussite du programme, les défis restent nombreux. L’insécurité a forcé certains jeunes à abandonner le parcours en cours de route. « Mais nous avons tenu bon, avec l’aide de bénévoles, et en exploitant les moyens du bord », explique Nerla Conserve. Et d’ajouter : « Les jeunes sont très réceptifs. Ils ont du potentiel. Il leur manquait simplement des opportunités de formation et de mentorat. »
Les lauréats Stéphaneau Déhilaire pour Port-au-Prince et Abigail Alexandre pour Jacmel ont reçu une panoplie de prix : certificats internationaux, bourses d’études, livres, œuvres d’art, produits cosmétiques, entre autres. Les deux bénéficieront également d’un accompagnement pour leur participation à la scène internationale, bien que l’équipe reste en quête de soutien financier. Une campagne de levée de fonds est prévue pour faciliter leur départ vers la France, où ils poursuivront leur préparation avec des mentors de l’équipe Eloquentia International.
Conscient des réalités du pays, Stéphaneau a dédié sa victoire « à ceux qui n’ont pas pu », particulièrement aux jeunes victimes de l’insécurité, déplacés ou contraints à l’exil. « Je leur souhaite de rester motivés », a-t-il lancé avec émotion.
En guise de projection, l’équipe Eloquentia souhaite implanter des antennes dans d’autres villes haïtiennes, afin d’élire chaque année un lauréat national qui portera la voix d’Haïti sur les scènes internationales. Mais pour cela, un soutien financier et logistique accru est indispensable.
Stéphaneau Déhilaire remporte Eloquentia Port-au-Prince et s’apprête à représenter Haïti en France
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