De la nécessité d’une nouvelle Constitution : Haïti mérite mieux que le vacarmeDernières nouvelles d’Haïti : Politique, Sécurité, Économie, Culture.

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L’avant-projet de la nouvelle Constitution est enfin disponible. Oui, j’ai bien dit avant-projet. C’est un mot qu’il faut entendre et comprendre : un document de travail, une ébauche, une base de réflexion, appelée à être enrichie, corrigée, discutée, transformée. C’est le point de départ, pas l’arrivée.

Un avant-projet n’est ni une vérité absolue, ni un texte figé. Il est le fruit d’un effort, d’une volonté de proposer une nouvelle fondation pour un pays qui en a cruellement besoin. En Haïti, nous parlons sans cesse de refondation, de renouveau, de rupture avec le désordre établi — mais quand une tentative voit le jour, elle est aussitôt attaquée, souvent avec une violence qui étonne, parfois avec mépris, rarement avec proposition.

Depuis la publication de cet avant-projet, le débat s’est transformé en champ de bataille. Des critiques virulentes pleuvent comme des drones kamikazes. Des mots forts, parfois blessants, souvent exagérés, prennent le dessus sur l’analyse sérieuse et sur l’esprit constructif. On parle de “coup d’État constitutionnel”, de texte “obscène”, de “mise à l’écart de la diaspora”, d’Haïti devenue “ingouvernable”. Un universitaire affirme même qu’il en a “perdu le sommeil”.

Et pourtant, ce n’est qu’un avant-projet.

Ce moment, au lieu d’être un temps de déchirement, devrait être celui de l’intelligence collective. C’est l’heure du débat, pas du mépris. L’heure de l’écoute, pas du rejet. L’heure des idées, pas des insultes. Si nous voulons offrir à notre pays une Constitution qui reflète ses aspirations profondes, nous devons nous asseoir ensemble — intellectuels, juristes, citoyens, membres de la diaspora, hommes et femmes de bonne foi — et proposer, amender, bonifier.

Il ne s’agit pas de défendre un texte comme s’il était parfait. Il ne l’est pas. Aucun avant-projet ne l’est. Il s’agit de reconnaître la nécessité de doter Haïti d’une nouvelle Constitution, et de travailler ensemble à l’élaboration d’un texte digne, moderne, équilibré, à la hauteur de notre histoire, de notre culture, de notre diversité et de notre avenir.

Nous sommes à la croisée des chemins. Allons-nous gaspiller cette opportunité dans un vacarme de rejet, ou allons-nous élever le débat et bâtir une Constitution avec sérieux, rigueur et espoir ?

L’histoire nous regarde. Nos enfants aussi.

Emmanuel Jean François



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