Haïti | Impunité : quand les « trois braqueurs de la BNC » dictent les règles et enterrent la honte

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Quand les présumés prédateurs s’érigent en arbitres de la légalité. Qui, dans l’ombre, tire les ficelles de ces « braqueurs » ?

Dans un pays où la norme juridique vacille sous les coups répétés de l’opportunisme politique, les derniers agissements de trois membres du Conseil présidentiel de transition (CPT) illustrent avec éclat l’effondrement moral de la gouvernance haïtienne. Smith Augustin, Louis Gérald Gilles et Emmanuel Vertilaire, tous cités dans un rapport officiel de l’ULCC pour leur rôle présumé dans le détournement de fonds publics à la Banque nationale de crédit (BNC), ont adressé à Fritz Jean, président du CPT, une lettre lui enjoignant de respecter les dispositions réglementaires du décret du 27 mai 2024 et d’un prétendu accord du 3 avril — document jamais publié, donc juridiquement inopérant.

Ce retournement de situation frôle l’absurde : ceux-là mêmes qui devraient répondre de faits graves devant la justice se présentent en garants d’un formalisme qu’ils ont méthodiquement trahi. Sous couvert de légalisme, leur manœuvre vise en réalité à neutraliser toute initiative réformiste de Fritz Jean, à verrouiller le pouvoir, et à reproduire un ordre politique fondé sur le soupçon, la peur et la compromission.

Qui, en coulisses, tire les ficelles de cette mise en scène politique ?
La question s’impose tant les gestes, les mots et les silences semblent concertés. Ce n’est plus une simple rivalité interne : c’est une stratégie. Et cette stratégie n’est rendue possible que par l’absence de poursuites, l’inaction des institutions judiciaires, et la résignation d’une société étouffée par l’impunité. Le dysfonctionnement n’est pas un accident. Il est le socle même sur lequel repose la mécanique actuelle du pouvoir.

À ce stade, Haïti n’est pas seulement confrontée à une crise de gouvernance. Elle affronte une dissolution méthodique de ses principes fondamentaux : la justice, la vérité, la redevabilité. Ce que révèle cette lettre, c’est moins une querelle au sommet qu’un aveu : le pouvoir n’obéit plus aux lois, mais aux rapports de force. Et tant que la honte ne disqualifiera pas ceux qu’elle accable, la transition ne sera qu’un mot vide, un décor où les figurants jouent le rôle des sauveurs.

cba



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