Les nouvelles journées fériées dans le projet de Constitution PHTK-CPT – un révisionnisme historique préoccupant. Fatigués du 7 février et mal à l’aise avec l’héritage de Dessalines, les nouveaux idéologues proches du PHTK enclenchent une entreprise d’effacement méthodique de la mémoire nationale, au profit d’une lecture sélective et opportuniste de l’histoire.
L’avant-projet de Constitution proposé sous l’impulsion du Parti Haïtien Tèt Kale (PHTK) et du Comité Consultatif Indépendant (CCI) marque un tournant notable dans la redéfinition des jours fériés nationaux. Le 17 octobre, date de l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines, fondateur de la nation haïtienne et premier chef d’État, n’y figure plus parmi les fêtes nationales reconnues. Cette omission constitue un geste hautement symbolique qui appelle à une lecture politique rigoureuse du rapport au passé dans les dynamiques de légitimation du pouvoir actuel.
Selon l’article 232-1 du projet, seules six fêtes sont retenues :
- Le 1er janvier – Fête de l’Indépendance ;
- Le 2 janvier – Jour des Aïeux ;
- Le 1er mai – Fête de l’Agriculture et du Travail ;
- Le 18 mai – Fête du Drapeau et de l’Université ;
- Le 14 août – Cérémonie du Bois-Caïman ;
- Le 18 novembre – Bataille de Vertières et Journée des Forces Armées.
Cette redéfinition expulse le 17 octobre – une date pourtant célébrée pendant des décennies comme journée de mémoire et de réclamation d’une justice historique pour Dessalines, empereur trahi par ses pairs et assassiné à Pont-Rouge en 1806. La mise à l’écart de cette date soulève des interrogations sur les motivations politiques et idéologiques du projet constitutionnel des nouveaux Conzes en mission, dans un contexte où les héritages révolutionnaires tendent à être instrumentalisés ou effacés.
L’Assemblée nationale ne pouvant, selon l’article 233, ratifier de textes internationaux contraires à la Constitution, cette reconfiguration des symboles nationaux pose la question de la cohérence mémorielle et de la fidélité aux fondements anti-esclavagistes de l’État haïtien.
En définitive, ce choix révèle une volonté de relecture de l’histoire nationale, où certains épisodes sont sanctifiés et d’autres marginalisés. Une telle orientation impose une vigilance citoyenne accrue, tant ce sont les symboles collectifs qui forment la trame de l’unité nationale.
