Haïti, « un navire sans gouvernail » : l’archevêque Mésidor alerte sur l’effondrement moral et politique

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Dans une homélie largement relayée sur les réseaux sociaux, Mgr Max Leroy Mésidor, archevêque métropolitain de Port-au-Prince, a livré un diagnostic sans complaisance de la crise haïtienne, au moment où le Conseil Electoral provisoire, appuyé par un représentant de l’Église catholique, s’apprête à organiser un référendum-bidon interdit par la Constitution et des « élections-sélections », selon plusieurs citoyens. « La situation que nous vivons en ce moment n’est pas bonne », a-t-il affirmé, dénonçant l’état de déréliction du pays. Selon lui, Haïti dérive « comme un bateau sans gouvernail ».

Originaire de l’Artibonite — département en proie à une violence armée persistante — Mgr Mésidor a lancé un appel à la prière pour une catégorie de personnes qu’il décrit comme « atrocement éprouvées » : celles et ceux qui, refusant l’exil, ont choisi de rester vivre en Haïti malgré la détérioration des conditions de vie. « Priez pour tout Haïti et pour ceux qui ont décidé de ne pas fuir », a-t-il exhorté.

Le prélat a également évoqué la détresse psychologique des Haïtiens vivant à l’étranger, notamment à la lumière du décret migratoire américain visant à raccourcir le délai de résidence temporaire (TPS) pour des milliers d’Haïtiens, et annonçant des expulsions prochaines. « Beaucoup d’Haïtiens souffrent énormément dans leur âme, même en dehors du pays », a-t-il noté, soulignant que l’exil n’offre pas de refuge face aux fractures existentielles et aux ruptures identitaires.

Il a mis en cause la politique américaine, dénonçant une contradiction flagrante dans la communication des autorités : Le Département de la Sécurité intérieure affirme que « la situation s’est améliorée, tout en exhortant les ressortissants américains à quitter Haïti sans délai. Quelle incohérence ! », s’est-il exclamé.

Mgr Mésidor rappelle enfin que, grâce à la solidarité familiale et économique de la diaspora, nombre de foyers en Haïti parviennent encore à subsister. Il s’interroge : « Où iront ces expulsés à leur retour forcé ? » Avant de conclure son homélie en confiant la nation à la Sainte Vierge, afin qu’elle « nous conduise sur le chemin de la délivrance ».

cba



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