Quatre ans après l’assassinat du 7 juillet 2021 à Pèlerin, les oligarques et leurs représentants au sein de la classe politique corrompue, décadente, en putréfaction au service de leurs patrons impérialistes ont rendu hommage à l’ancien président Jovenel Moïse pour la première fois le 7 juillet 2025. On pourrait même dire que c’était planifié, car la majorité de ses ennemis politiques ont profité de ce moment pour en faire leur deuil et ainsi saluer la mémoire du défunt.
La question que beaucoup se posent est : pourquoi tout ce remue-ménage quatre ans plus tard ? Quatre ans plus tard, tous ces adversaires politiques, et même les agents des oligarques, sont venus verser des larmes de crocodile. Qui veulent-ils tromper une fois de plus ? Est-ce une nouvelle ruse pour continuer à gérer, voire à régénérer, une transition qui semble interminable ?

Ils ont choisi de rendre hommage à Jovenel Moïse ? D’où vient cette idée, acceptée par la majorité d’entre eux, alors que, de connivence avec les Américains, aucun effort n’a été fait pour que Jovenel obtienne justice. Afin que le pays puisse identifier les auteurs intellectuels et les commanditaires de ce crime odieux ? La population aimerait savoir qui a réellement financé le crime et quels secteurs étaient impliqués aux niveaux national et international. Pourquoi la police a-t-elle restitué la vidéo de son domicile au FBI, qui a lui-même constitué une série de dossiers pour empêcher toute révélation ?
Dans ce contexte, le Conseil présidentiel de transition a choisi d’organiser cet événement au Palais national. Un lieu abandonné depuis le crime du 7 juillet. À cette occasion, une messe de requiem a été chantée au Palais sous la présidence du révérend Père Jean Robert Louis, mais pourquoi pas à la Villa d’Accueil, qui est actuellement le centre politique du pays ?
En effet, la cérémonie s’est déroulée en présence des conseillers présidentiels, à l’exception de Laurent Saint-Cyr, en déplacement, et de Régine Abraham. Il est à noter que le Premier ministre Alix-Didier Fils-Aimé était également présent, aux côtés du chef de la police, de membres de l’état-major des armées, de ministres, de représentants des institutions de l’État et de plusieurs invités. « Que cette cérémonie ne soit pas un simple rituel. Qu’elle ouvre les cœurs au pardon, mais aussi à la justice », a déclaré le père Jean Robert Louis dans son homélie.

Drôle de coïncidence : c’est ce jour-là qu’André Michel, du Secteur Démocratique Populaire, l’un des individus ayant le plus terni la réputation politique du président avant son assassinat physique a d’ailleurs choisi de s’exprimer sur les réseaux sociaux pour se disculper, comme il l’a clairement indiqué : « J’étais l’adversaire politique de Jovenel, mais je n’étais pas pour son assassinat.» Nombreux sont ceux qui ne croiront pas cette déclaration en raison de la manière dont André Michel a insulté le président, demandant de le gifler où qu’il se trouve. En vérité, tuer le président ne lui suffisait même pas. Et c’est dans cette perspective qu’a eu lieu le coup d’État sanglant de la nuit du 6 au 7 juillet. Il a profité de cette occasion pour s’en prendre à ses proches, afin de semer la confusion en faisant savoir que : « Si ceux qui combattaient sa politique étaient dans l’opposition, ceux qui voulaient sa mort étaient plutôt autour de lui.»
Il était incroyable que le CPT et la Primature aient publié simultanément des notes de condoléances à la famille de l’ancien président et des messages de sympathie en hommage au président Jovenel Moïse lui-même. La note du Cabinet du Premier Ministre indiquait : « Quatre ans après cet acte odieux, la République d’Haïti continue d’honorer la mémoire de Jovenel Moïse et de réaffirmer son attachement aux valeurs démocratiques et républicaines. »
Dans sa note, le CPT soulignait « son engagement à lutter pour la paix, l’amour et la stabilité dans le pays ». Mais la haine qu’ils lui vouent est toujours perceptible. Dans leur publication, ils n’ont pas mentionné l’assassinat d’un chef d’État en sa résidence privée, ils ont mentionné uniquement son décès. C’était pour se moquer de lui, et le message était de dire qu’il était mort de mort naturelle. Ils manquent de courage pour révéler la vérité. Ils sont contraints de dire adieu au président, sans parler de meurtre. Quelle lâcheté ! Seul l’actuel ministre de la Défense, Jean-Michel Moïse, a adopté un ton différent en orchestrant cet anniversaire, implorant l’ancien président : « Vous avez été victime d’un assassinat brutal parce que vous croyiez pouvoir changer ce pays. Vous avez semé une graine ! »…. « Rendre justice au président Jovenel, c’est se rendre justice à soi-même, car ce qui lui est arrivé peut arriver à n’importe lequel d’entre vous. Si vous aspirez à gouverner ce pays, vous êtes exposé au même sort, en toute impunité », a-t-il écrit sur X.

L’ancien Premier ministre Ariel Henri a peut-être lui aussi commémoré ce jour de deuil en exil aux États-Unis. L’autre ancien Premier ministre à l’intérim, Claude Joseph, n’a pas manqué l’occasion ; pour perpétuer la mémoire de M. Moïse, il a baptisé une salle de conférence du siège de son parti politique du nom du président assassiné. On pourrait même dire que c’est lors du quatrième anniversaire de son assassinat que la classe politique, et notamment ses ennemis, ont réalisé qu’ils avaient fomenté sa liquidation physique. Et malgré tout, Jovenel semble rester bien plus populaire que tous les autres réunis.
D’ailleurs, son épouse Martine Moise, comme elle le fait chaque année à cette occasion, a régulièrement publié un message exigeant que justice soit rendue à son mari.
À Pèlerin 5 où il a été assassiné, ce lundi 7 juillet 2025, une foule de sympathisants et de partisans de l’ancien président a exprimé son indignation dans le silence. Joiséus Nader, ancien ministre des Travaux publics, des Transports et des Communications du président assassiné, a pour sa part déposé une gerbe en hommage au défunt, dont le souvenir restera gravé dans la mémoire des masses paysannes qui s’identifiaient à Jovenel Moïse.