République dominicaine : les coupures d’électricité relancent la grogne populaire et les manifestations

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Plus d’une décennie après les grandes « crises électriques », les pannes prolongées plongent de nombreuses provinces dans l’obscurité, alimentant la colère des citoyens malgré les promesses de stabilité énergétique.

Depuis plusieurs jours, la République dominicaine connaît une nouvelle vague de manifestations contre les coupures d’électricité prolongées qui affectent aussi bien la capitale que plusieurs provinces de l’intérieur du pays. Dans les rues, la frustration populaire se traduit par des marches pacifiques, mais aussi par des actions plus radicales, telles que l’allumage de pneus et le blocage de routes.

Le 20 août dernier, une marche pacifique s’est tenue à Santiago Rodríguez. Mais, dès la nuit tombée, des scènes de protestation plus vives ont éclaté à Puerto Plata et San Francisco de Macorís, où des habitants excédés ont exprimé leur ras-le-bol. À Oviedo, dans la province de Pedernales, des journalistes du quotidien Listín Diario ont pu constater les restes de pneus et de troncs brûlés obstruant la route principale, symbole d’une population lassée des longues heures sans courant.

Ces mobilisations, relayées sur les réseaux sociaux, rappellent un passé encore récent. En 2008 et 2009, le pays avait connu une véritable « crise de l’électricité », marquée par des pannes quotidiennes de 10 à 18 heures dans une quinzaine de provinces. Les coupures rythmaient la vie des habitants : courant coupé tôt le matin, brièvement rétabli, de nouveau interrompu à midi, puis rétabli en soirée pour quelques heures seulement. Dans les foyers comme dans les commerces, la colère grandissait au même rythme que les pertes économiques.

En 2018, l’Association dominicaine des industries électriques (ADIE) avait recensé 52,62 jours cumulés de coupures d’électricité sur l’année, confirmant l’ampleur du problème. Pour répondre à cette situation chronique, les autorités avaient misé sur l’entrée en service de la centrale thermoélectrique de Punta Catalina, censée assurer une stabilité durable du réseau.

Or, paradoxalement, la fermeture temporaire de cette centrale, combinée à des difficultés rencontrées par d’autres unités de production, a rouvert une plaie que beaucoup pensaient refermée. Depuis la mi-août, les plaintes se multiplient. Dans plusieurs villes, comme Bonao (Monseñor Nouel), Gaspar Hernández (Espaillat) et Río San Juan (María Trinidad Sánchez), des vidéos de protestations sont devenues virales. Même des artistes de renom, tels que Ricardo Montaner et Toxic Crow, ont exprimé leur mécontentement face à une situation devenue insupportable, notamment durant les nuits d’août où la chaleur étouffante rend l’absence d’électricité encore plus difficile à vivre.

Le président du Conseil unifié des entreprises de distribution d’électricité (CUED), Celso Marranzini, a promis lors d’une interview accordée le 20 août à l’émission El Día (Telesistema 11) que le problème des pannes serait « complètement résolu d’ici la fin de l’année ». De son côté, le président Luis Abinader s’est rendu sur le site de Punta Catalina pour superviser le redémarrage de la centrale. Malgré ces annonces, les habitants de Santo Domingo Norte, Santo Domingo Est et d’autres zones continuent de faire état de pannes prolongées.

Plus de dix-sept ans après la crise de 2008, les causes restent multiples : déficit de production, centrales hors service, pannes techniques, forte demande, tensions financières et parfois même manque de carburant. La répétition de ces problèmes structurels interroge sur la capacité du pays à se doter d’un système électrique fiable et moderne.

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