La Federal Aviation Administration (FAA) des États-Unis pourrait prolonger d’au moins trois mois l’interdiction des vols commerciaux américains à destination de Port-au-Prince, initialement prévue pour expirer le 8 septembre 2025, a déclaré lundi Réginald Guignard, directeur général de l’Office National de l’Aviation Civile (OFNAC), lors d’une interview accordée à Radio Métropole .
Cette perspective survient alors que des membres lourdement armés de la coalition « Viv Ansanm », classée organisation terroriste, ont attaqué un site stratégique de l’OFNAC à Kenscoff, en périphérie de la capitale. « L’insécurité persistante pourrait justifier le maintien de la mesure au-delà de son échéance », a averti M. Guignard, soulignant les difficultés croissantes liées à la violence des gangs. L’interdiction, instaurée le 11 novembre 2024 après plusieurs tirs visant des appareils de Spirit Airlines, JetBlue et American Airlines près de l’aéroport international Toussaint Louverture, a paralysé le trafic aérien commercial à destination de Port-au-Prince.
Dans une note publiée ce week-end, l’OFNAC a condamné l’attaque menée contre son site de l’ancienne Téléco à Kenscoff, qui abrite des antennes essentielles pour les communications aéronautiques, notamment avec l’aéroport du Cap-Haïtien. « Aucun bilan précis n’est encore possible en raison de la présence des gangs », a précisé M. Guignard, tout en assurant que « les systèmes de relais garantissent la continuité des communications ».
Les violences à Kenscoff avaient déjà éclaté en février 2025, faisant plusieurs victimes, dont un militaire et deux agents de la Brigade de Sécurité des Aires Protégées. Depuis, « Viv Ansanm » a intensifié ses attaques, provoquant le déplacement de plusieurs milliers d’habitants, selon l’Organisation Internationale pour les Migrations. L’ONU estime que les gangs contrôlent désormais près de 85 % de la capitale, compliquant l’accès aux infrastructures stratégiques.
La prolongation de l’interdiction de la FAA accentuerait l’isolement d’Haïti, l’aéroport de Port-au-Prince restant fermé aux vols américains. Seule la compagnie haïtienne Sunrise Airways maintient une liaison directe entre Cap-Haïtien et Miami, obligeant les voyageurs à emprunter des routes périlleuses ou à recourir à des vols privés en hélicoptère pouvant atteindre 2 500 dollars. Bien que d’autres compagnies annoncent leur arrivée dans le secteur du trafic aérien, rien de concret n’a été réalisé pour les vols de passagers.
Réginald Guignard a exhorté les autorités à redoubler d’effort afin de sécuriser les infrastructures stratégiques, notamment celles de l’OFNAC. « Sans mesures concrètes, l’isolement du pays risque de se prolonger et la crise de s’aggraver », a-t-il prévenu, tout en réaffirmant l’engagement de l’office à assurer, autant que possible, la sécurité des opérations aériennes.
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